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Lundi 3 août 2009 à 12:00

http://notrevievousinteresse.cowblog.fr/images/renouveau.jpg                                                                             Renouveau


   La bataille aura lieu dans la vallée. Les deux armées apparaissent de chaque côté, elles se positionnent, se mettent en place. Elles se préparent pour l’assaut final, les guerriers dégainent lentement leurs armes. Tout se joue sur l’intimidation, sur la peur. Des milliers d’hommes s’affronteront ici même dans quelques instants, mais aucune des deux armées ne s’apprête à bouger. C‘est le calme plat  qui précède la tempête, un calme effrayant et angoissant. Celui qui les prévient qu’ils perdront la vie au cours de cette bataille. Une bataille dont ils en ignorent d’ailleurs la raison, pourtant, ils combattent. Dans chacun des deux camps, un homme à cheval, placé en avant, tend un bras armé d’une lance vers le ciel. Le signal est donné. De parts et d’autres  des bataillons, des soldats se préparent en ravalant une dernière fois leur salive, ou en entonnant une dernière prière. La tension est à son comble, et d’un coup, le cavalier en tête abaisse son arme droit devant lui. Ça y est, l’affrontement commence.

   La vague humaine déferle sur  la vallée, et ne met que quelques secondes pour en atteindre le cœur. A peine réunis, les guerriers s’affrontent. Des centaines d’épées s’entrechoquent dans un fracas assourdissant, le scindement dus à l’acier qui se percute. Les lames transpercent tantôt des boucliers, tantôt des hommes. Les cavaliers galopent à travers le champ de bataille, lacérant quiconque se trouvant à leurs portées, ennemis comme alliers. Les simples guerriers doivent compter sur leur habilitée au combat, et la résistance de leurs côtes de mailles pour espérer revenir vivant chez eux. Déjà, la première ligne est tombée. Ceux qui suivent, enjambent les corps de leurs camarades, marchant dans d’immenses flaques rougies par le sang pour pouvoir avancer. Les archers restent à l’écart, au-dessus de la bataille, leurs portées est plus grande. La deuxième ligne est tombée, les corps s’entassent. Derrières eux, le sol tremble, DES MACHINES DE GUERRES !! Une véritable armada arrive en renfort, catapultes, balistiques, et d’autres encore… L’affrontement n’en sera que plus bref, à chaque assaut de ces engins, des dizaines d’hommes succombent de toute parts. Les haches et les épées tranchent, les lances et les flèches transpercent, et les catapultes ainsi que les chevaux écrasent ; alors que les guerriers se font trancher, transpercer ou encore écraser. Les soldats tombent des deux côtés. Il n’y aura pas de vainqueur à cette bataille, ceux qui ne sont pas mort ont fuis, les deux armées sont tombées. L’unique survivant gît sur le sol, une épée dans la main et une autre dans le torse. La prière qu’il a faite avant le combat ne lui aura servit à rien. Couché sur le dos, son dernier souvenir par contre, sera celui d’un vol d’oies sauvages qui passait par hasard au-dessus du chaos.

   Ce n’est que quelques jours plus tard, que l’ont put apercevoir de nouveau du mouvement dans la vallée. Un vieil homme, vêtu uniquement par ce qui semblait être de longs morceaux de tissus ; une pelle accroché dans le dos et un capuchon rabattu sur le visage. Il venait de pénétrer dans un paysage de mort. L’unique bruit qui semblait persister ici, était celui du vent  qui faisait résonner les cadavres. La plupart des corps, dont certains étaient divisés en plusieurs morceaux, commençaient déjà à pourrir, enfouis sous ce qui fut un jour des engins de guerres. Malgré le lugubre décor qui l’entourait, le vieillard ne s’attardait pas pour observer, il ne regardait que les corps, comme s’il cherchait quelqu’un, parmi eux… Il marchait lentement, scrutait entre les bouts. Il s’arrêta près du corps de l’un des soldats, à peine dix-sept ans… Le pauvre. Le vieillard prit sa pelle en main, et, près du corps, commença à creuser. Il ne parlait pas, seul le contact de l’objet contre le sol parvenait à briser le silence qui pesait. Au bout de quelques heures, le trou que l’homme faisait était assez profond pour y mettre un corps. Une fois le jeune soldat au fond de sa tombe, le vieillard sortit de l’une de ses poches, une poignée de graines verdâtres, qu’il jeta sur le mort, puis referma le tombeau. Il planta sa pelle dans le sol à quelques pas de là, puis s’assit en s’adossant à elle. Quelques heures passèrent… Il patientait, jusqu'à ce que cela se produise. Une buse passa près de lui…Il l’observa…Puis elle s’envola trop loin pour ses yeux… Et il recommença à attendre. Mais au bout d’un certain temps, ce qu’il attendait arriva enfin. La terre commençait à légèrement trembler, pile à l’endroit où le soldat fut enterré. Un petit amas de terre se forma petit à petit, et quelque chose sortit du sol, tout doucement, quelque chose de petit ; comme une bulle rosâtre tirant sur le beige. Au bout de quelques secondes, on put y distinguer des formes, comme des yeux. C’était le sommet d’un crâne, d’un tout petit crâne, un bébé était  en train de naître. Peu de temps après, on vit ses bras… Puis le torse, et enfin les jambes. Chose étrange, le cordon ombilical s’enfonçait dans le sol, le vieillard regardait le chérubin, il grandissait à vue d’œil. Très vite, il avait l’apparence d’un enfant de deux ou trois ans, il tentait de se levait, et il grandissait de plus en plus au fur et à mesure qu’il y parvenait. A peine eut-il réussi à se tenir debout, qu’il avait déjà l’air d’un adolescent. Une fois parfaitement stable, il  semblait être celui qu’il était avant sa mort.  Il ouvrit les yeux, et se vit, entièrement dénudé, le cordon encore planté dans la terre. Mais surtout, il put voir où il se trouvait, au milieu de cette scène d’après-guerre, entouré de tous ses anciens amis, alors qu’il se souvient de tout ; du combat, comme de sa mort. Là, il vit le vieil homme, et même s’il ne comprenait pas comment, il se doutait, en voyant autour de lui, ce qui s’était passé. Il n’arrivait pas à émettre le moindre son, ne serait-ce que parce qu’il ne pouvait croire en se qui se passait. Sa prière eut-elle fonctionné finalement ? Le vieil homme ne disait rien, mais malgré le capuchon, on pouvait distinguer un sourire sur son visage. Le jeune miraculé, n’y fit aucunement attention, encore sous le choc de sa résurrection. Du moins jusqu’à ce qu’une violente douleur à l’estomac le fit s’effondrer au sol. La main sur le ventre, il se retenait de hurler, alors que le mal augmentait et se propageait rapidement. Cela venait d’atteindre le cœur, désormais la souffrance parcourait la quasi-totalité de son corps. Des choses descendaient le long de son cordon ombilical et de ses jambes… Comme des tiges. Puis il poussa un hurlement à tout rompre, quelque chose venait de lui transperçait le poumon, et cela remontait encore. En larme, recroquevillé sur le sol, il sentait l’une des tiges en question remonter jusque dans sa gorge. Malgré la douleur, il plaça ses doigts dans sa bouche, et arracha quelque chose… Une feuille. Un autre bébé est en train de naître. Il regardait le vieillard sans pouvoir décrocher la moindre parole. Des racines descendaient de ses jambes, lui transperçant la plante des pieds pour s’enfoncer dans le sol. Des branches avançaient le long de ses veines et de son œsophage. Elles grossissaient et grandissaient à un rythme affolant, il se tenait debout tout seul, soutenu par ce qui poussait en lui. Son corps, trop petit pour contenir cela, commença à se déchirer, ses os se brisaient, ses tendons s’arrachaient, et ses organes se broyaient pour faire place à cet arbre qui prenait racine. En morceaux, son cadavre tomba au sol, et commençait à moisir aussi rapidement qu’il était arrivé. Très vite, son  crâne devint lichen, puis herbe, et enfin, il devint fleur. Le vieillard au capuchon recula de quelques pas, contempla son travail maintenant terminé, puis alla voir un nouveau soldat une fois sa pelle reprise en main.

   Bien des années plus tard, lors d’un pique-nique dominical avec sa famille ; le petit Julien fit atterrir son ballon à l’orée d’un bois. En allant le récupérer, il vit une très vieille épée, enracinée au pied d’un arbre immense. Son ballon entre les mains, le gamin observait, sans trop comprendre. Puis il retourna  finalement auprès de ses parents pour le dessert.
                                                                                                                             .Mr.ED-209


Publié par Stone Licker ou Mr.ED-209

Par PaulBarre le Jeudi 7 juillet 2016 à 14:16
Vous faîtes un travail incroyable et c’est pourquoi j’adore ce blog
Par JudicaelGleau le Mardi 24 janvier 2017 à 9:40
Quel ecrit incroyable, merci beaucoup pour ce boulot qui requiert de l’investissement !
Par GabriellaDuclos le Samedi 29 avril 2017 à 14:15
Quel article touchant, je vous remercie pour ce boulot que vous faîtes.
Par Alexia Laboulaye le Jeudi 26 juillet 2018 à 10:11
Merci pour votre article
Par Nathalie Saladin le Lundi 22 juillet 2019 à 11:18
Vous faîtes de l’excellent boulot , c’est pourquoi je suis amoureux de ce blog
 

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